Description et conception du Trophée Méritas par Réal Manseau

Description

Tout d’abord il faudrait peut-être parler de l’histoire des sphères armillaires. Les anciens témoignages d’Archimède (325 ans avant J.-C.) nous rapportent que déjà il avait su imiter les mouvements des corps célestes en les reproduisant sur une sphère mouvante pour imiter les mouvements circulaires de la voûte céleste. Quatre siècles plus tard Claude Ptolémée (140 ans après J.-C.) construisit un modèle de sphère qui reproduisait la trajectoire des corps célestes et rendait facile la compréhension de la mécanique céleste et en plus facilitait l’enseignement des points et lignes qui se rattachent à une représentation mécanisée du ciel.

La première étape est de choisir le genre de sphère que l’on désire construire. Deux grands concepts de la voûte céleste sont présents à nos yeux. La sphère de Ptolémée construite (140 ans aprés J.-C.) représente le globe terrestre au centre du monde ou de la sphère céleste. Le deuxième concept, plus moderne et plus près de la réalité, est la sphère de Copernic (1 5OO ans après J.-C.) dans laquelle le Soleil est l’astre central et les cinq planètes connues du système solaire à l’époque, sont incorporées dans la sphère du monde. J’ai choisi de construire une sphère de Ptolémée parce qu’elle est gracieuse dans son mouvement de l’écliptique et représente bien la conception qu’avait du ciel les penseurs, prêtres, philosophes et mathématiciens du début de l’ère Chrétienne.

Mon choix de matériaux pour la construction s’est arrêté sur le laiton jaune (brass) beaucoup employé dans la construction d’appareils anciens de mesure (sphères armillaires, astrolabes). Les garnitures et la base sont en noyer noir américain.

Sur la photo qui sert de modèle d’identification des pièces les noms servent pour expliquer ce que représentent chaque ligne et point reproduits sur la sphère. La pièce (1) est le support de la sphère à travers de laquelle passe l’axe du monde ou de la sphère. Les quatre demi-cercles assemblés dans la pièce (1) forment deux grands cercles qui représentent les lignes des colures, aussi ces mêmes lignes s’identifient comme les quatre intersections des saisons, printemps, été, automne et hiver.  Aussi, elles représentent les deux solstices et les deux équinoxes. Un grand cercle représente l’équateur céleste assemblé perpendiculairement à l’axe du monde et sépare la sphère en deux hémisphères nord et sud. Deux cercles intermédiaires représentent le Tropique du Cancer placé à +23½° et le Tropique du Capricorne placé à -23½°. Deux autres cercles représentent les cercles polaires nord et sud. Ces cercles placés à la hauteur de la latitude du lieu où est construit la sphère, représentent la région du ciel où les étoiles ne se couchent jamais et sont appelées, pour cette raison, étoiles circumpolaires. La bande du Zodiaque est le cercle sur lequel sont gravés les noms des douze signes du Zodiaque. Sur cette bande on peut voir le Soleil se déplacer parmi les constellations de 30° par mois. Le signe où débute le printemps est le Bélier. Par la suite, le Soleil se déplace dans le Taureau et les Gémeaux. L’été se situe dans le Cancer.  Le Soleil continue sa course dans le Lion et la Vierge.  L’automne se situe dans la Balance. Suivent les signes du Scorpion et du Sagittaire. L’hiver le Soleil se déplace dans le Capricorne, le Verseau et les Poissons. L’écliptique est le petit chemin ou ligne céleste où circule le Soleil et les planètes durant l’année. Cette ligne est appelée écliptique parce que c’est dans ce champ que se produisent les éclipses de Soleil et de Lune. Le grand cercle du méridien est le support de la sphère. Il sert aussi de rapporteur d’angle.  On peut lire sur celui-ci les coordonnées en latitude. Il est possible de vérifier si la ligne de l’écliptique est bien disposée sur la sphère. Le point du passage du printemps est à 0°, l’été monte à +23½°, l’automne passe au point 0° et l’hiver descend a -23½°, sur le cercle du méridien. L’axe du monde est à +90° nord et descend à -90° sud. L’équateur céleste passe au point 0° et la ligne d’horizon est fixée à la hauteur du 45e parallèle, ce qui est une moyenne pour le centre du Québec.

Le globe terrestre est en bronze massif. Sur ce globe les graduations importantes y sont gravées; la ligne de l’équateur terrestre, les tropiques du Cancer et du Capricorne, les cercles polaires et l’écliptique. Sur le globe, les continents connus à l’époque sont surélevés et polis, les mers sont sculptées plus profondes et rugueuses. La base est assemblée en trois paliers. Les deux premiers étages sont en noyer noir et taillés de forme hexagonale pour permettre d’y fixer douze plaques de laiton. Le troisième palier est fait de trois colonnes de laiton massif de forme hexagonale. Sur ces trois colonnes une garniture de bois dentelée supporte le berceau de la sphère où se fait le point final de l’assemblage. À ces étapes d’assemblage et de fabrication, il faut ajouter le vernissage de la garniture en dentelle, de la ligne d’horizon et de la base hexagonale. En dernier lieu, plusieurs heures de polissage complètent ce travail.

J’ai construit (1980) cette sphère en vue de créer un nouveau concours annuel pour les membres de l’Association des groupes d’astronomes amateurs, qui depuis est devenue la FAAQ. Ce concours s’identifie comme le Concours Méritas de la FAAQ Il est ouvert à tous les membres de la FAAQ afin de promouvoir des efforts constants et soutenus de nous tous. Cet élément a pour but d’encourager les membres à s’impliquer davantage dans la pratique de l’astronomie au Québec.

J’espère que tous ceux qui se mériteront ce trophée auront autant de satisfaction personnelle pour leurs travaux accomplis que j’en ai ressenti en donnant cet emblème de l’astronomie à la F.A.A.Q. pour le Concours Méritas.

Bonne chance aux futurs gagnants!

Réal Manseau

Note : ce texte avait paru dans « Le Québec astronomique » de février 1981.

%d blogueurs aiment cette page :